Tuesday, September 10, 2013

-Chronique d'un séjour sur terre- (2)


 -Le cucul qui glisse-


Je crois que je suis quelqu’un d’emmerdant…D’inquiet et d’emmerdant.
De « chiant » , de « casse couille » , appelez ça comme vous voulez…
Je peux me montrer pesant , surtout avec les personnes qui me connaissent bien et qui me  sont très proches.

Lorsque je suis en compagnie , je fanfaronne .
Avec les filles  et les copains , je me montre philosophe , rigolo , charmeur , primesautier et plaisantin.

Mais avec mes proches , je suis chiant.

Quand cela ne va pas,  je veux qu’ils le sachent , leur compassion ne me suffit pas.
J’exige qu’ils  « souffrent » avec moi , il faut que je sois l’objet de leur entière et constante attention .

Que je sois bien clair : Je n’ai jamais , à ce jour , eut de véritables problèmes « graves » qui justifieraient de telles plaintes.
J’ai en somme , comme dirait ma compagne : « les problèmes des gens qui n’en ont pas ».

Tenez par exemple , lorsque  ça va bien , je fini par trouver ça suspect…
Je fouine dans les détails de mon quotidien  pour essayer de trouver quelque chose qui ne tournerait  pas rond.
Je tente de débusquer un truc qui me dérangerait afin de  pouvoir râler de manière « légitime » .Tout ça pour emmerder mon entourage…

Le souvenir qui suit m’apporte la preuve irréfutable  que ce trait de caractère est mien depuis la petite enfance…
J ’étais encore fils unique et ne devais donc pas avoir cinq ans puisque ma soeur n’était pas encore née.

J’accompagnais ma mère partout : au marché du village pour acheter le la viande de cheval hachée dont je raffolais ;je revois le boucher dans son « camion-boutique magique » armé de  son redoutable mixeur qui enfonçait des morceaux de viande rouges sombre avec sa spatule, afin les transformer en pâte à modeler.

Chez la couturière , (qui s’adressait à ma mère en parlant de moi comme si j’étais une sorte de petit animal incapable de comprendre la langue des adultes) :
-« Ouh qu’il est grand ce petit !Que ça pouuussseee viiite mon dieuu !»…
Toujours la sempiternelle ritournelle agaçante…

Je me souviens du sol glissant du super marché , de mes allées et venue dans les rayons , de mes dérapages plus ou moins contrôlés autour du chariot rempli de commissions…

Le monde des adultes peut vite devenir ennuyeux pour un enfant de cet âge.

Le temps paraît infini , interminable.On s’agite ,  on a chaud , on transpire…

-« Maman , disais-je au bout d’un moment…J’ai le cucul qui glisse… »
Une salopette en éponge , ça tient chaud.
La transpiration s’écoule le long de votre dos et ruisselle jusqu’au fesses…
En écartant l’une d’elle d’une main fébrile , on se rend vite compte , qu’au lieu de coller à celle qui lui fait face , et bien… « elle glisse »…

On a alors l’impression d’avoir du caca liquide au milieu…
Et rien n’ai plus agaçant, croyez moi !…
Ma jeune et petite maman comprenait alors qu’il était temps de rentrer,et devait  trouver de toute urgence des toilettes publiques afin d’humecter mon derrière pour  y enlever l’affreuse transpiration , objet de mon supplice…

Aujourd’hui encore ,  lorsque je suis contrarié , il m’arrive parfois d’avoir cette curieuse manie…
D’un geste précis  , j’écarte  alors discrètement l’un de mes muscles fessiers afin de vérifier si de la sueur s’y est dissimulée…
Si mon « cucul glisse » , j’ai au moins la décence d’épargner ma pauvre mère ,je trouve des toilettes publique et me débrouille seul.




                                              (Photo : Robert Doisneau)

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