-Le cucul
qui glisse-
Je crois que je suis quelqu’un d’emmerdant…D’inquiet et
d’emmerdant.
De « chiant » , de « casse couille » ,
appelez ça comme vous voulez…
Je peux me montrer pesant , surtout avec les personnes qui
me connaissent bien et qui me sont
très proches.
Lorsque je suis en compagnie , je fanfaronne .
Avec les filles
et les copains , je me montre philosophe , rigolo , charmeur ,
primesautier et plaisantin.
Mais avec mes proches , je suis chiant.
Quand cela ne va pas,
je veux qu’ils le sachent , leur compassion ne me suffit pas.
J’exige qu’ils
« souffrent » avec moi , il faut que je sois l’objet de leur
entière et constante attention .
Que je sois bien clair : Je n’ai jamais , à ce jour ,
eut de véritables problèmes « graves » qui justifieraient de telles
plaintes.
J’ai en somme , comme dirait ma compagne : « les
problèmes des gens qui n’en ont pas ».
Tenez par exemple , lorsque ça va bien , je fini par trouver ça suspect…
Je fouine dans les détails de mon quotidien pour essayer de trouver quelque chose
qui ne tournerait pas rond.
Je tente de débusquer un truc qui me dérangerait afin
de pouvoir râler de manière
« légitime » .Tout ça pour emmerder mon entourage…
Le souvenir qui suit m’apporte la preuve irréfutable que ce trait de caractère est mien
depuis la petite enfance…
J ’étais encore fils unique et ne devais donc pas avoir
cinq ans puisque ma soeur n’était pas encore née.
J’accompagnais ma mère partout : au marché du village
pour acheter le la viande de cheval hachée dont je raffolais ;je revois le
boucher dans son « camion-boutique magique » armé de son redoutable mixeur qui enfonçait des
morceaux de viande rouges sombre avec sa spatule, afin les transformer en pâte
à modeler.
Chez la couturière , (qui s’adressait à ma mère en parlant
de moi comme si j’étais une sorte de petit animal incapable de comprendre la
langue des adultes) :
-« Ouh qu’il est grand ce petit !Que ça
pouuussseee viiite mon dieuu !»…
Toujours la sempiternelle ritournelle agaçante…
Je me souviens du sol glissant du super marché , de mes
allées et venue dans les rayons , de mes dérapages plus ou moins contrôlés
autour du chariot rempli de commissions…
Le monde des adultes peut vite devenir ennuyeux pour un
enfant de cet âge.
Le temps paraît infini , interminable.On s’agite , on a chaud , on transpire…
-« Maman , disais-je au bout d’un moment…J’ai le cucul
qui glisse… »
Une salopette en éponge , ça tient chaud.
La transpiration s’écoule le long de votre dos et ruisselle
jusqu’au fesses…
En écartant l’une d’elle d’une main fébrile , on se rend
vite compte , qu’au lieu de coller à celle qui lui fait face , et
bien… « elle glisse »…
On a alors l’impression d’avoir du caca liquide au milieu…
Et rien n’ai plus agaçant, croyez moi !…
Ma jeune et petite maman comprenait alors qu’il était temps
de rentrer,et devait trouver de
toute urgence des toilettes publiques afin d’humecter mon derrière pour y enlever l’affreuse transpiration ,
objet de mon supplice…
Aujourd’hui encore ,
lorsque je suis contrarié , il m’arrive parfois d’avoir cette curieuse
manie…
D’un geste précis
, j’écarte alors
discrètement l’un de mes muscles fessiers afin de vérifier si de la sueur s’y
est dissimulée…
Si mon « cucul glisse » , j’ai au moins la décence
d’épargner ma pauvre mère ,je trouve des toilettes publique et me débrouille
seul.
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