Jus d'araignée..............

L'autre matin , je me suis levé la " tête dans les chaussures" comme on dit...Si ce n'est que j'étais pieds nus...
Enfin bon , c'est une expression , voilà.
Je ne suis pas du matin .Je ne l'ai jamais été.Le matin c'est nul...Le matin , ça sert à dormir...À récupérer de la veille...
Quel doux plaisir que de ronfler enroulé dans sa couverture en pensant à demi conscient , (dans cet état si particulier entre sommeil et veille) à tout ces gens qui dehors s'activent , courent , s'affairent à leurs petites affaires , travaillent à leurs travaux que la plupart du temps ils détestent...
Les vieilles personnes , les retraités , s'ennuient et se lèvent tôt...Ils prennent leur petit cabat à roulette rayé et vont faire le marché...Comme tous les matins...

Et moi je dors...Comme dit Jean Pierre Marielle , "je préfère attraper la journée en cours comme l'on attrape un train en marche"....

Je ne suis donc pas du matin.

Je suis plutôt du midi , du midi , midi et demi...

La décence m'interdit de me lever après 13H...Le peu de dignité qu'il me reste fait en sorte de me culpabiliser lorsque l'horloge de mon voisin du dessous sonne les 14h , et que j'épouse encore la position horizontale...

Mais je m'égare...
L'autre midi donc , à peine levé , le même rituel commence : j'ouvre les volets , je fais pipi , j'allume mon ordinateur MAC Book pour relever les mails , j'allume la radio , et ...Je fais bouillir mon eau pour y plonger 2 ou 3 cuillères de café soluble , car je suis devenu trop fainéant pour me servir de ma cafetière italienne....
(Et refuserai jusqu'à la mort de faire l'acquisition d'une machine Nespresso , Georges Clooney ou pas , qui est pour moi l'un des symboles les plus grotesques de la décadence de notre société de consommation..

Mais...Quelque chose flotte à la surface de mon eau..Dans ma casserole...
Une petite boule , marron verte...Une petite boule molle...

Je la saisi du doigt , constate que l'eau est parvenue à la température qui me convient , et ma léthargie matinale me sauve...Elle est telle que je ne sursaute même pas...
Une araignée , morte , bouillie et ratatinée.Si j'avais été bien réveillé , si j'avais été , du matin , alors j'aurais eu un réflexe idiot , une sorte d'instinct de survie notoire et j'aurais crié , hurlé , grimaçant étrangement , en renversant tout , en m'ébouillantant , en me blessant....

Mais là non...

Je me suis juste rappelé de la petite ritournelle que ma mère me disait lorsque enfant , je croisais la route de l'insecte diabolique... :
"Araignée du soir , espoir"...
"Araignée du matin , chagrin...

Zut.

Tac !D'une pichenette , je l'envois baldinguer quelque part dans ma cuisine...
C'est curieux comme l'on a tendance à croire que ce genre de petite choses (comme les miettes de pains , les crottes de nez ou les araignées écrasées ) peuvent disparaître dès qu'on les jette parterre....

Avide de café , je m'apprête donc a verser mon eau dans mon verre...(je déteste les tasses de café , et préfère en boire en abondance dans mes jolis verre à moutarde recyclés) ...
Mais...Que...j'interromps mon geste...
Je ne peux tout de même pas boire cette eau dans laquelle a trempé , baigné , souffert puis péri ce petit être a huit pattes?
C'est dégueulasse!

Mais l'idée de refaire bouillir de l'eau (2 min) me lasse , et je me suis dis , que nous autres , citoyens du bitume et de l'internet , sédentaire avili par toutes ces années à vivre comme un étrange mutant albinos et fragilisé par son éloignement d'avec sa mère , sa mère nature , ce n'étai tout de même pas un vulgaire petit insecte mort qui allait me dégoûter de mon eau , liquide si rare et si précieux en ce bas monde!!

Gloup.Je ne fait qu'une rasade de mon café pour mettre fin à ces réflexions ensommeillées et inutiles.


Le reste de la journée fut étrange.
J'ai dessiné...Mais de manière très lente.

J'étais là sans être là.

A un moment , j'ai cru avoir de la fièvre...Mais non...
A un moment j'ai pensé que la soirée de la veille avait été trop arrosée?
Non plus...

Un état de fatigue générale..Comme si mon corps astral était un peu en décalage dans mon enveloppe d'os et de bidoche...

Comme si j'étais drogué par une substance nouvelle...

Comme si j'étais sous l'influence d'une drogue chamanique inquiétante et fascinante qui m'ouvrirait des champs de conscience insoupçonnés...

Comme si j'avais bu...
Du...

Du jus d'araignée.


15 Mars 2012